lundi 4 mars 2013

Un roman sur un sujet délicat

Certains livres vous appellent. "Lis-moi" vous dit leur couverture. Sans même savoir quel est le sujet de l'histoire, on s'y plonge.
Ce fut le cas pour moi avec La décision d'Isabelle Pandazopoulos.
Jolie couverture, à la mode, pleine de signes à décrypter. On y devine un parcours semé d'étapes : téléphone portable, verre de bière, avion, landeau, ambulance... et au centre un point d'interrogation : celui lié à la décision du titre, j'imagine.


Au coeur de ce roman, Louise, adolescente sans histoires en classe de terminale.
Dans le 1e chapitre, c'est Samuel, le bon copain, qui prend la parole pour raconter comment, en tant que délégué de classe, il escorte Louise, qui ne se sent pas bien, jusqu'à l'infirmerie. Sur le chemin, Louise s'enferme dans les toilettes. Au bout d'un long moment, un ruisseau de sang coule sous la porte vers les lavabos.
"En sortant, elle a tout emporté.
Rien ne reste aujourd'hui de l'innocence qu'on arborait ce matin-là. Comme si nous avions brusquement arraché nos masques d'enfants sages, la vie en vrai nous a sauté au visage, on est devenu grands."

Ensuite, c'est la voix d'un proviseur sous le choc qui nous apprend que dans les toilettes ce jour-là, Louise a accouché d'une petite fille dont elle ne savait rien, qu'elle n'avait ni attendue ni désirée.

Pour tous, parents, amis, professeurs, c'est un véritable cataclysme. Comment Louise, qui pour son entourage incarne la perfection, "comme si rien jamais ne pouvait lui arriver", peut-elle avoir porté ce bébé sans le savoir ni sans que personne ne s'en doute ?

En prenant le parti-pris de laisser chacun donner son point de vue, Isabelle Pandazopoulos esquisse par fines touches les contours de la personnalité de Louise, qui prend forme petit à petit.
Quand, dans la 2ème partie du roman, la parole est à Louise, on n'entend plus la jeune fille dépassée par les événements, qui tente encore de se conformer à l'image qu'on attend d'elle. On sent une évolution en douceur mais pleine de force de son caractère. Et tandis que Louise s'affirme, elle prend vie pour nous lecteurs. Elle qui n'était qu'objet devient sujet de sa propre vie.

La décision qui donne son titre au roman, on devine bien vite ce dont il s'agit. Pourtant, ce n'est pas tant cela qui importe que le parcours de Louise, la lutte qu'elle mène pour acquérir son indépendance.

Sur un sujet de société brûlant, controversé, comme le déni de grossesse, Isabelle Pandazopoulos tire une histoire sensible, délicate et bouleversante.

Stéphanie

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